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Utilisateur:Bastien Côté-Gravel 19

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Le livre de Nunnaminster

Le livre de Nunnaminster est un livre de prière à usage personnel qui aurait appartenu à Ealhswith (852-905), femme d’Alfred le Grand (849-899) qui a régné sur le royaume de Wessex en Angleterre de 871 jusqu’à sa mort. Ce livre provient de l’Abbaye Sainte-Marie de Winchester, aussi appelé Nunnaminster. « Nunna » qui fait référence à “None” et “Minster” qui se traduit par « grande église » chez les Anglo-Saxons[1]. À quelques reprise, l’orthographie démontre que le livre a été écrit par des femmes pour une propriétaire féminine, en raison de certains passages en genre féminin[2].

Aspect physique du livre :

Le manuscrit mesure 21,5 cm de hauteur et 16 cm de largeur. Le livre comprend 41 folio, incluant 5 pages de gardes au début, à la fin et entre les trois différents textes. Les feuilles sont faites à partir de parchemins. La couverture du livre aurait été en cuir d’une teinte rouge lors de sa fabrication à la fin du IXe siècle[3].

La calligraphie utilisée est la minuscule carolingienne[Écriture qui débute au début du 9e siècle sous Charlemagne dans sa « Correctio » de l’Église Chrétienne. 1]. On peut voir que les lettres des débuts de phrases sont teintées d’une couleur soit rouge, jaune, vert et bleu.

Le livre comprend trois décorations de majuscule de type zoomorphique, au début de chaque poème. Elles sont décorées et prennent environ le quart de la page. Dans le premier cas il s’agit du passage de la “Passion” par Luc.24, rassemblant les quatre « Passions » des quatre évangiles, qui décrit la souffrance et la mort du Christ. La décoration de la première lettre « A » est de style simple, un contour de pointillé rouge avec des motifs tribaux teintés de vert. La deuxième représentation est le passage dit “International letter”. Démontrant la fin du poème de la “Passion” du Christ. Au-dessus de la décoration, qui a une forme de dragon, de style celtique, produisant la lettre « D », le paragraphe écrit en majuscule grecque n’est qu’une traduction du titre du passage[4]. Enfin le troisième ouvrage est “The Betrayale” qui décrit la trahison de Judas dans Jean.18. La décoration de la première lettre « H », est plus détaillé que les deux premières. on voit encore une représentation zoomorphique d’un dragon blanc, un autre animal dans le bas de ressemblance à un griffon. Des motifs tribaux de couleur vert comme dans la première décoration [5]. Un contour en pointillé rouge. Ce qu’il y a d’intéressant, ce sont les nœuds celtiques qui est propre à l’art des manuscrits irlandais [6].

Qui était en sa procession?

On a bien la confirmation que ce manuscrit est un livre à usage personnel. On peut l’en déduire en raison des décorations qui ornent le livre, mais aussi celles dans la calligraphie. Les décorations sont importantes, mais pas assez pour que ce soit un outil a titre officiel. Le manuscrit est passé sous la main d’Ealhswith femme d’Alfred le Grand.  Une hypothèse propose que le livre ait appartenue à Ealhswith et qu’elle l’ait apporté avec elle du royaume de Mercie pour le léguer au monastère de Nunnaminster. Le manuscrit y est resté jusqu’au 16e siècle. On peut voir qu’un sceau a été inséré ultérieurement à sa fabrication. Il s’agit du sceau de la famille Roscarock de Cornwall. Le livre se passera entre les mains d’antiquaires et des savants pour aboutir dans la “Harley collection” faite par Robert Harley, 1er comte d’Oxford au 17 e siècle. Cette collection se retrouve aujourd’hui au British Museum de Londres.

Influence irlandaise dans la conception du manuscrit ?

Les trois décorations des lettres, dont deux à type zoomorphiques,  sont de parfaits exemples de l’influence irlandaise-celtique, dans la production des manuscrits de certaines régions de l’Angleterre. Les ornements de nœuds de styles tribaux sont très courants dans l’art celtique. Des représentations du même genre se retrouve dans le livre de Kells (7e siècle) qui est un emblème de la culture chrétien-irlandaise. Au 7e siècle, des missionnaires Irlandais sont parti à travers l’Europe pour prêcher la foi chrétienne. L’un d’eux, Saint-Colombo, a fondé le monastère d’Iona dans le nord de l’Angleterre.  Cet établissement prit de l’ampleur et fut un des centres de la connaissance et de la culture monastique.

Selon le livre de Bede : The Ecclesiastical History of the English People, la christianisation du royaume de Mercie se serait déroulé par le mariage du prince de Mercie, Peada , et la fille du roi Oswiu de Northumbrie. Cette union politique n’aurait pu se dérouler qu’à la condition de l’évangélisation de Peada et par le fait même, le royaume de Mercie, dans la moitié du 7e siècle. Il se fait baptisé par des prêtres irlandais, qui resteront dans le royaume et l’un deux, Diumma, devient le premier Bishop de Mercie. C’est aussi dans cet ordre, que les ecclésiastiques irlandais ont transposé leur culture gaélique-chrétienne chez les Anglo-Saxons, puisqu’ils formaient les nouveaux prêtres du royaume de Mercie ainsi que de Northumbrie auparavant [7].

Contexte de l’époque :

L’Angleterre est prise au dépourvu par des attaques vikings. Les premiers raids commencent dans la dernière moitié du 8e siècle mais deviennent très fréquent dans la première moitié du 9e siècle. Ils viennent pendant le printemps et l’été pour que la voie maritime soit favorable. En 867, les danois s’emparent du royaume de Mercie. En 871, ils s’emparent du royaume de Wessex qui était déjà sous le commandement d’Alfred. A partir de 875 Alfred ne connait que des succès militaires et fini par repoussé les vikings hors du Wessex pour l’officialiser comme un royaume indépendant des envahisseurs danois. Son but est de rassembler tous les Anglais pour repousser les scandinaves [8].

Abbaye St- Mary’s of Winchester

Le monastère semble avoir été fondé par Ealhswith et Alfred vers 900. Il s’agit d’une congrégation de none Bénédictine. Situé dans le royaume de Wessex (aujourd’hui dans la région de Hampshire), cet établissement avait surtout été habité par des femmes et dirigé aussi par des femmes. Après la mort d’Alfred, Ealhwith devient une none et loge à Nunnaminster jusqu’à sa mort 6 ans plus tard. Elle deviendra même la « gestionnaire » du monastère[9]  . Depuis, les personnes chargées de la gestion de l’établissement furent principalement des Abbesses. Les première fondations du Monastère, faites à partir de bois de construction, furent complété en 903. En 964, Nunnaminster s’écroule et est reconstruit par le Bishop Eathelwold, mais en pierre. Les nombreuses invasions normandes et le contact entre les cultures ont retardé la reconstruction de l’Abbaye de St-Mary en 1066. Les normands ont changé le style architectural qui donne comme résultat une approche plus romanesque [10]. Elle fut officiellement achevée en 1536.

La position de la femme Anglo-Saxonne au Moyen-Âge

La population anglo-saxonne a vécu de nombreux changements socio-économiques au cours de leur histoire, entre autre avec l’arrivée des germains au 5 e siècle et des invasions normandes dans le 11 e siècle. Une autre raison peut aussi être une influence de la noblesse féminine qui aurait participé à donner une meilleure  position de la femme. Une grande part d’entre elles étaient lettrés.

Certaines étaient propriétaire de bibles et de livres de Gospel, elles écrivaient des poèmes d’une complexité très avancé. On peut aussi le voir dans la littérature comme dans des titres tels Beowulf. Même quelques esclaves avaient parfois quelques connaissances en littérature.

La christianisation de l’Angleterre s’est déroulée vers la fin du  6e et au 7e siècle. Elle aurait été engendré par la reine Bertha, femme du roi Aethelberht de Kent (6e siècle). Dans une société encore imbibé du paganisme, le pape Grégoire le Grand (590-604) avait demandé à Bertha de faire pression sur son mari pour le faire changer de foi. En même temps, de participer activement à l’évangélisation de la population anglo-saxonne[11].

La vocation monastique des femmes Anglo-Saxonnes :

Le rôle de la femme fut très important surtout dans les premiers siècles de l’évangélisation de la Grande-Bretagne dans la deuxième moitié du 6e siècle. Élément important qui caractérise cette période est l’établissement des doubles monastères, pour hommes et femmes. Dans les textes de Bede, il est décrit comment l’éducation en Angleterre a grandement prit de l’ampleur avec la construction de nombreux monastères. Dans le cas des doubles monastères, il était fréquent que les enseignants soit des nones et qu’elles prenaient en charge la gestion de l’établissement. Cependant, ce système de double monastère ne perdure pas après les invasions danoises du 9e siècle. Dorénavant les monastères ne seront que d’un sexe.

D’après l’ouvrage de Bede, les nones n’enseignaient pas qu’aux filles qui voulait joindre l’ordre monastique mais les jeunes garçons également. Les femmes excellaient dans le domaine de l’enseignement et de la littérature. Aldhelm (639-709) ne manque de remarquer le talent que ces femmes pour une maitrise aussi avancé du latin. Elles ont grandement participé à propager l’éducation dans les domaines ecclésiastiques mais à l’échelle nationale [12].

Ayant une riche éducation, les nones rendu à avoir un bon nombre d’année d’expérience peuvent se présenter comme Abbesse. Cette position est très importante non seulement au niveau de l’église qui l’a met au même rang qu’un Abbé, mais elle lui donne une certaine autorité au niveau politique. L’exemple le plus souvent mentionné est celui d’Hilda de Whitby (614-680), qui comme mentionné par Bede, était souvent sollicité par des clercs de haut niveau ainsi que des membres de la royauté, pour demander conseil.  

Néanmoins, la plupart du temps celles qui montaient au poste d’Abbesse étaient issu de la haute aristocratie. Il était aussi démontré comme une promotion déjà acquise, et que l’attrait du pouvoir semblait plus charmer que la vocation envers l’Église.


Bibliographie :

ABERNETHY, Susan,< https://mittelalter.hypotheses.org/1938>, Anglo-Saxon Women in England, publié le 13 août 2013.  (consulté le 1 décembre 2018)

http://www.bl.uk/onlinegallery/onlineex/illmanus/harlmanucoll/i/011hrl000002965u00016v00.html <consulté le 1 décembre 2018>

http://www.bl.uk/onlinegallery/onlineex/illmanus/harlmanucoll/t/011hrl000002965u00011000.html <consulté le 1 décembre 2018>

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=8827&CollID=8&NStart=29 <consulté le 1 décembre 2018>

CASSCAGNE-BROUQUET, Sophie,  Histoire de l’Angleterre médiéval, Gap, Orphy, 2000

  De Gray, Walter, An ancient manuscript of the eighth or ninth century: formerly belonging to St. Mary's Abbey, or Nunnaminster, Winchester

by St. Mary's Abbey (Winchester, Hampshire); Birch, ,p.6, https://archive.org/details/ancientmanuscrip00stma/page/6 (consulté le 1 décembre 2018)

https://dictionary.cambridge.org/fr/dictionnaire/anglais/minster <consulté le 1 décembre 2018>

  http://www.hampshire-history.com/nunnaminster-winchester/ (consulté le 1 décembre 2018)

HYLAND, William Patrick,<http://www.academia.edu/18468099/Missionary_Nuns_and_the_Monastic_Vocation_in_Anglo-Saxon_England>, Missionary Nuns and the Monastic Vocation in Anglo-Saxon in England.

MARCH, Kristy,The Irish in Mercia: A Cultural Context for the Earliest Anglo-Saxon Prayer Books, Snapshots of Doctoral Research at University College Cork, 2012 ,p.53 <consulté le 1 décembre 2018>

  1. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. (en) [1] (consulté le )
  2. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [2] (consulté le )
  3. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [3] (consulté le )
  4. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [4] (consulté le )
  5. (en) Kristy March, « The Irish in Mercia: A Cultural Context of the Earliest Anglo Saxon Prayer Book », Snapshots of Doctoral Research at University College Cork,‎ , p. 53
  6. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [5] (consulté le )
  7. (en) Kristy March, « The Irish in Mercia : A Cultural Context of the Earliest Anglo Saxon Prayer Book », Snapshots of Doctoral Research at University College Cork,‎ , p. 54
  8. Sophie Casscagne-Brouquet, Histoire de l'Angleterre médiéval, Orphy, GAP, , 301 p., p. 26
  9. (en) Walter deGray, « An ancient manuscript of the eighth or ninth century: formerly belonging to St. Mary's Abbey, or Nunnaminster, Winchester by St. Mary's Abbey (Winchester, Hampshire) », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  10. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. (en) [6] (consulté le )
  11. (en) Susan Abernethy, « Anglo-Saxon Women in England », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant,‎ (lire en ligne)
  12. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [7] (consulté le )


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